Deuxième Chant de Maldoror

O mathématiques sévères, je ne vous ai pas oubliées, depuis que vos savantes

leçons, plus douces que le miel, filtrèrent dans mon cœur, comme une onde

rafraîchissante.

A l’aide de votre lait fortifiant, mon intelligence s’est rapidement développée, et

a pris des proportions immenses, au milieu de cette clarté ravissante dont vous

faites présent, avec prodigalité, à ceux qui vous aiment d’un sincère amour.

Arithmétique ! algèbre ! géométrie ! trinité grandiose ! triangle lumineux ! Celui

qui ne vous a pas connues est un insensé.

Vous, ô mathématiques concises, par l’enchaînement rigoureux de vos

propositions tenaces et la constance de vos lois de fer, vous faites luire, aux yeux

éblouis, un reflet puissant de cette vérité suprême dont on remarque l’empreinte

dans l’ordre de l’univers. Mais, l’ordre qui vous entoure, représenté surtout par la

régularité parfaite du carré, l’ami de Pythagore, est encore plus grand.

Vous me donnâtes la prudence opiniâtre qu’on déchiffre à chaque pas dans vos

méthodes admirables de l’analyse, de la synthèse et de la déduction. (…) Vous me

donnâtes la logique, qui est comme l’âme elle-même de vos enseignements, pleins

de sagesse, mon intelligence sentit s’accroître du double ses forces audacieuses.

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